Note d'intention


"J'ai le projet d'habiter en poète ma maison, mon quartier, ma commune, le coin où je vis dans leur interaction vivante à la Terre.


En poète, j'ai rencontrée Sophie Dabat, écrivant "Waste"; en poète questionnant le monde et la société contemporaine, j'ai retrouvé la mémoire, celle de ma génération, confrontée enfant à l'accident de Tchernobyl, une date dont je me souviens; en poète je suis confrontée aux paradoxes fondamentaux qui viennent interroger, perturber, bouleverser, mes représentations, mes tentatives de compréhensions et d'actions, de faire, de choisir, faire autrement, de recycler, réinventer.

Ces paradoxes fondamentaux :
- la représentation de l'espace, l'articulation entre le local et le global quand l'action individuelle est locale et les forces à l’œuvre planétaires;
- la perception des tragédies invisibles, non spectaculaires ou simplement non médiatisées;
- la représentation du temps, l'articulation entre l'infini et l'immédiateté, en particulier la possibilité d'une mémoire à l'infini, dans un temps d'information immédiate.
sont catalysés dans la production de l'énergie nucléaire, la production de déchets nucléaire, et l'accident nucléaire.

Chacun de nous est traversé par ces espaces, ces temps, les évènements intimes, personnels et collectifs, cherchant à enchanter son territoire dans ce paradoxe qui donne à la proximité des lieux aimés la faculté de nous transporter ailleurs, à vivre l'ici et le maintenant en conscience de cet ailleurs si essentiel, vital en fait, du passé et du futur.

Alors, j'ai écrit ce projet dans la rencontre, comme un regard qui se déplace légèrement pour mieux voir une réalité difficile à percevoir, qui nécessite d'être toujours rappelée à la mémoire, d'être remise en dialogue, car elle sous-tend le fonctionnement même de notre société.
Ces regards s'appellent "Projet Waste", "Voir l'Atome", "le Carnet du Voyage interdit", "Mémoire à l'Infini", "la Floraison des Bambous", "l'Arbre de la Connaissance"."


Marielle Guille